Titre Original: La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la Tour Eiffel
Date de Parution : 7 janvier 2015
ISBN: 978-2842638122
Nombre de pages : 256
Prix : 19,00€
Quatrième de couverture : Si tout a
commencé, pour Romain Puértolas, par l’ambulation à succès, chahutée et planétaire,
d’une armoire bien complète de son Fakir, tout va continuer avec la geste
aérienne d’une donzelle hors norme : Providence Dupois, debout dès l’aube, flair
de reine, six orteils au pied droit, factrice de profession
et mère par instinct. Coincée en aérogare par la nuageuse colère d’un volcan
islandais, Providence ne peut aller quérir-guérir au Maroc l’enfant malade
qu’elle a adoptée :
Zahera, fillette aux poumons embrumés (toujours des nuages) par la
mucoviscidose. Elle tempête, trépigne et songe à l’enfant qu’elle a découverte,
petite boule de charmants prodiges, lors d’une hospitalisation au Maroc. Quand
soudain les dieux suscitent un génie : le maître 90, dit aussi Hué, pour qui vole qui veut, suffit d’ouvrir les bras, l’envol se prend
comme un élan : hop ! Et Providence de voler,
cap Maroc ! Mais
si, en définitive, tout cela n’était que chimère à réacteurs, un conte
odoriférant, une rêverie en altitude… Qui sait ? « le monde est un enfant
qui veut voler, avant de savoir marcher » nous glisse l’artiste : dont acte, rêvons,
volons, rêvons que nous volons. Lisons
Extrait
Le premier mot que prononça le vieux coiffeur lorsque
j'entrai dans son salon fut une injonction brève et tranchante digne d'un
officier nazi. Ou d'un vieux coiffeur.
- Assis !
Docile, je m'exécutai. Avant qu'il ne le fasse avec sa
paire de ciseaux.
Puis il commença son ballet tout autour de moi sans
même attendre de connaître la coupe avec laquelle je souhaitais ressortir de
son salon, ou la coupe avec laquelle je ne souhaitais précisément pas ressortir
de son salon. Avait-il déjà au moins eu affaire à l'afro récalcitrante d'un
métis auparavant ? Il n'allait pas être déçu.
- Vous voulez que je vous raconte une histoire
incroyable ? demandai-je pour briser la glace et instaurer un climat de
convivialité entre nous.
- Dites toujours, du moment que vous arrêtez de bouger
la tête. Je vais finir par vous couper une oreille.
Je considérai ce «dites toujours» comme un grand pas,
une invitation au dialogue, à la paix sociale et à l'harmonie entre frères
humains, et en même temps j'essayais d'oublier le plus rapidement possible, en
vertu de ces mêmes accords de fraternité, la menace d'amputation de mon organe
auditif.
- Bien, alors voilà, un jour, mon facteur, qui est une
femme, une femme charmante d'ailleurs, s'est présentée à la tour de contrôle où
je travaille et m'a dit : «Monsieur Machin (c'est mon nom), il faudrait que
vous me donniez la permission de décoller. Je sais que ma requête peut vous
paraître insolite, mais c'est comme ça. Ne vous posez pas trop de questions.
Moi, j'y ai renoncé depuis que tout a commencé. Donnez-moi juste la permission
de décoller de votre aéroport, je vous en prie.» En soi, je ne trouvais pas sa
demande si insolite que ça. Je recevais parfois la visite de particuliers
ruinés par les écoles d'aviation avoisinantes qui souhaitaient continuer à
prendre des heures de vol pour leur compte. Ce qui me surprenait, en revanche,
c'est qu'elle ne m'avait jamais parlé de sa passion pour l'aéronautique
auparavant. Bon, nous n'avions jamais trop eu l'occasion de causer, ni même de
nous croiser (j'alterne des horaires de jour et de nuit), mais quand même.
D'habitude, elle se limitait à m'apporter le courrier à la maison dans sa
vieille 4l jaune. Elle n'était jamais venue me voir au boulot. Dommage, parce
qu'elle était canon, cette fille-là. «En temps normal, mademoiselle, je vous
aurais dirigée vers le bureau des plans de vol pour ce type de requête. Le
problème, c'est qu'aujourd'hui, le trafic aérien est sens dessus dessous avec
ce foutu nuage de cendres et on ne va pas pouvoir prendre en compte les vols
privés. Je suis désolé.» Voyant sa mine déconfite (elle avait une très jolie
mine déconfite et ça m'a déconfit le coeur), j'ai feint de m'intéresser à son
cas : «Vous pilotez quoi ? Cessna ? Piper ?» Elle a beaucoup hésité. On voyait
bien qu'elle était gênée, que ma question l'embarrassait. «C'est justement en
cela que ma requête est insolite. Je ne pilote pas d'avion. Je vole toute
seule.» «Oui, j'avais compris, vous volez sans instructeur.» «Non, non, toute
seule, je veux dire, sans appareil, comme ça.» Elle a levé les bras au-dessus
de sa tête et a exécuté un tour sur elle-même à la manière d'une danseuse de
ballet. Au fait, est-ce que je vous ai dit qu'elle était en maillot de bain ?
Mon avis : Ceux qui pensaient attendre Romain Puértolas au tournant avec son dernier
roman, vont certainement être déçus, car une fois encore Romain nous offre une
lecture à mettre entre toutes les mains.
J'irais même jusqu'à vous dire que j'ai préféré l'extraordinaire aventure de la factrice dit
la fée jaune 4L dans les nuages que l'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire ikea. Cependant la comparaison n'est pas évidente car les
deux romans son bien différents.
Comme dans le Fakir, nous ne nous perdons pas avec de
multiples personnages, il y a le coiffeur l'oreille attentive de Léo Machin
narrateur et contrôleur aérien à Orly. Zahera, petite marocaine atteint de
mucoviscidose qui rêve de devenir pâtissière marocanaute et Providence Dupois
factrice plus connue sous le nom de la fée jaune 4L.
Ce roman est avant tout une histoire d'amour, cet
amour que peuvent connaître les mères pour leur enfant. Et c'est cela qui unit
Providence et Zahera.
Une mère est capable du plus incroyable pour son
enfant et Providence n'échappe pas à la règle, malgré les obstacles, elle
apprendra à voler de ses propres ailes (si je peux me permettre le jeu de
mots), grâce à une formation express des moines tibétains de l'Humble Caste des
Mantes Tricoteuses, tout en écoutant du Julio Iglesias.
Il me semble et je ne crois pas me tromper en disant
que Romain a donné le nom de Léo au contrôleur aérien, en forme de clin d'œil à
un petit bonhomme qui rempli de bonheur sa vie personnelle.
Avec cette nouvelle lecture, je commence l'année 2015
avec un très très gros coup de cœur.