Auteur: Ludovic
Roubaudi
Titre Original: Le pourboire du Christ
Date de Parution : 28 août 2013
Éditeur : Le dilettante
Nombre de pages : 400
Prix : 20,00€ 19,00€
Quatrième de couverture : Après avoir oeuvré dans le porno sous le nom de
Ramon Tripier, Monseigneur Lacastagne, Grandgousier de la pensée moderne et
affamé de pognon, va emmener avec lui dans sa croisade contre l'islam le bon
Rodolphe, un apprenti comédien plus doué pour les montages financiers tordus
que pour les plateaux de tournages. Ensemble ils vont détrousser une petite
communauté bourgeoise xénophobe mais bien élevée de l'ouest parisien.
La vie étant plutôt lente et l'espérance décidément violente, il est
urgent d'y aller rondement et avec les moyens du bord. Ces derniers, pour le
beau Rodolphe, héros du Pourboire du Christ de Ludovic Roubaudi, sont bien là.
Mâté comme un cap-hornier, doté d'une bonne plume et du goût pour la
comptabilité, il opère d'abord comme rédacteur dans des feuilles à fantasmes
avant que sa douce amie Gertrud, starlette du X, ne le jette en pâture au
Maître Ramon Tripier, Citizen Sex en personne, et à sa «maman» handicapée,
fruit des oeuvres d'une princesse russe et d'un baron d'aventure. Le Maître
utilise ses talents de plume en lui commandant des scénarios affriolants
(péplum à risques et porno politique) et son goût pour les chiffres en le
nommant conseiller fiscal. L'équeutage soudain, homicide et vengeur, d'un
maître étalon en plein tournage ayant contraint Rodolphe à une cavale
d'urgence, il se réfugie à la campagne avec Maître Ramon et se met à
fréquenter, sous le pseudonyme de Karl, diverses coteries où il joue les
analystes financiers, les traders matois. Le trio infernal formé de Ramon, de
«maman» et du précieux Karl s'investit ensuite dans une magouille municipale et
escroquerie cléricale à base de neuvième croisade. Tout cela finira, entre
horions et sodomies - «l'anal, c'est du brutal !» -, par une empoignade
généralisée où Dieu ne reconnaît plus les siens. À l'heureuse conjonction de
Marc Dorcel films, de Philippe de Broca et d'Octave Mirbeau, voici donc Le
Pourboire du Christ de Ludovic Roubaudi.
Extrait
- Mais regardez-moi qui voilà ! ? Ce ne serait pas ce grand dépendeur
d'andouilles de Rodolphe ? Où étais-tu, arsouille, ça fait plus d'une semaine
que je te cherche ?
Il devait être 15 heures chez Maumo, le meilleur italien de Paris, dans
le Marais, station Hôtel-de-Ville, juste derrière le Bazar, lorsque j'y suis
arrivé. Auguste était à sa caisse, sous l'escalier au bout du bar.
J'aime beaucoup Gus. On est devenus amis il y a sept ou huit ans après
mon premier dîner chez lui. Je lui avais expliqué que son restaurant, si l'on
s'efforçait de prendre de la hauteur, ressemblait à un point d'interrogation.
La petite terrasse sur le trottoir était le point; l'entrée, un long couloir
bordé sur sa gauche par le comptoir, la jambe; et la salle en arc de cercle, juste
à la fin du comptoir après un escalier en virgule à gauche, la cursive étonnée.
Et d'ailleurs, avais-je ajouté, tout est étonnement dans ce restaurant. Jusqu'à
son nom : Maumo, qui n'est pas le diminutif d'Auguste.
Il avait écouté en hochant la tête.
- Maumo... Les juifs pensent que c'est le diminutif de Moïse, les Arabes
celui de Mohamed et les mecs comme toi de Maurice. Tout le monde se sent chez
lui et moi je sers tout le monde.
Je passe le voir presque tous les jours pour discuter de nos avanies :
moi accoudé au zinc et lui derrière sa caisse, juste sous le tablier de son
escalier en virgule. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés à devenir
confidents l'un de l'autre. Il me nourrit lors de mes vaches maigres et je lui
rédige des suppliques pour les impôts, l'Urssaf, les affaires sanitaires,
l'inspection du travail... Enfin, nous sommes amis.
- Tu te souviens de Caroline ?
- La blonde ? Celle qui a retourné une de mes tables parce que la sauce
piquante était trop épicée ?
- Celle-là même.
- C'est une plaie cette fille.
- On s'est séparés.
- Bonne nouvelle. Et ça t'a pris la semaine ?
- Laisse-moi te raconter. Tu connais Adam ? L'autre soir, il m'a proposé
une partie de poker.
- Il organise des parties, Adam ? Pourquoi est-ce qu'il ne m'invite pas
?
- Je ne sais pas... Et puis je m'en fous, ce n'est pas le propos. Tu
veux que je te raconte ou pas ?
De la main et de la tête il m'invita à poursuivre.
- J'en parle à Caroline qui saute de joie. J'ai toujours rêvé déjouer,
qu'elle piaille ! Parole, je n'arrivais pas à la tenir, elle voulait qu'on y
aille de bonne heure. Avant le dîner même. A peine arrivée chez Adam, elle file
vers la table sans même un bonjour ou un regard pour les autres. Rien. Une
possédée du jeu. Don Carbino et François, déjà installés, la regardaient comme
une extraterrestre. Je leur ai expliqué nos relations et qu'ils m'obligeraient
en voulant bien la laisser jouer avec nous. Pendant ce temps, Caroline
s'impatientait en tripotant les cartes...