Auteur: Michel Cymes
Titre Original: Hippocrate aux enfers - Les médecins des camps de la mort
Date de Parution : 14 janvier 2015
ISBN: 978-2234078031
Nombre de pages : 216
Prix : 18,50€
Quatrième de couverture : Les médecins ont été parmi les premiers malades
atteints de la Peste Brune : à Auschwitz, à Dachau, à Buchenwald ou à
Strasbourg, les pires atrocités ont été commises par ceux qui avaient prêté le
serment d’Hippocrate. Si le nom de Mengele est encore connu, il ne faut pas
oublier les actes et les victimes de Rascher, Clauberg, Heim et Hirt : c’est à
cet exercice de mémoire que nous convie Michel Cymes, qui jette son regard de
médecin d’aujourd’hui sur une facette moins connue de la barbarie nazie, les
expérimentations médicales pratiquées sans consentement sur les détenus.
S’appuyant sur
de nombreux témoignages ainsi que sur une documentation récente voire inédite,
révélant des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à entendre, Michel Cymes
raconte avec franchise et passion comment Hippocrate est descendu aux enfers.
Extrait
Extrait du prologue
C'était là.
Je suis face à une bâtisse aux
portes fermées, semblable aux autres bâtiments alentour.
C'est là que tant de cobayes humains
ont subi les sévices de ceux qui étaient appelés «docteurs», des docteurs que
mes deux grands-pères, disparus dans ce sinistre camp, ont peut-être croisés.
C'est là que le plus célèbre d'entre
eux, Josef Mengele, observait avec avidité les jumeaux qu'il allait sacrifier.
Puis autopsier.
Autopsier pour voir.
Pour essayer de trouver.
Pour essayer de comprendre.
Voir, trouver, comprendre... mais
quoi ?
Je suis saisi, muet, pétrifié,
devant ce lieu chargé d'horreurs.
Derrière ces murs, ces fenêtres
fermées, ces portes closes, j'entends les cris, les pleurs.
Je devine les corps décharnés se
tordant de douleur, suppliant, toutes les images atroces que l'histoire de
cette période porte sur ses bras.
Je suis à Auschwitz-Birkenau.
Il s'agit d'un voyage de mémoire, un
pèlerinage personnel que j'ai maintes fois repoussé.
Là, devant ce bâtiment, mon coeur de
médecin ne comprend pas.
Comment peut-on vouloir épouser un
métier dont le but ultime est de sauver des vies et donner la mort à ceux que
l'on ne considère plus comme des êtres humains ?
Je sais que c'est une question
naïve, simpliste, et je ne peux que la formuler. Je veux savoir.
Maintes fois, j'ai lu et relu ceux
qui essaient d'expliquer l'inexplicable.
Mais là, sur les lieux du crime, je
vois.
Plus d'analyses. Plus
d'explications.
Juste l'effroi.
L'horreur par procuration.
Témoigner.
Un mot. Un sentiment. Une injonction
qui me vient brutalement ce jour-là, en même temps qu'un sentiment d'indécence.
De quoi témoignerais-je, moi qui n'ai rien vécu de tel. De quoi parlerais-je ?
De mon émotion ? De ma souffrance
morale ?