Auteur: Stefano Benni
Titre Original: De toutes les richesses
Date de Parution : 11 juin 2014
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 224
Prix : 22,00€ 20,90€
Quatrième de couverture : Un professeur d'âge mûr, poète et misanthrope,
rencontre une jeune femme qui affole son coeur. Un roman où se mêlent légendes,
chansons, poèmes, pour faire chanter toutes les couleurs de la palette et nous
entraîner dans une valse folle, pleine d'humour et d'espoir. Martin est un
professeur retraité, affecté d'une sciatique et tenté par d'improbables
expériences culinaires. Il a choisi de se retirer loin du monde, dans un
village des Apennins qui porte le doux nom de Bourgcornu. Là, entouré
d'animaux, son chien Ombra, fidèle écuyer, et toute une galerie d'animaux
philosophes, notamment un blaireau jouisseur et une vache stoïque il lit et
écrit (quelques poèmes et de nombreux essais), avec une indéfectible passion
pour l'Enchaîné, poète local mort mystérieusement dans un asile d'aliénés.
Cette "asociabilité élective", qui lui fait refuser le snobisme et
l'hypocrisie du milieu universitaire et pseudo intellectuel, ne l'empêche pas
de s'intéresser aux êtres humains dans ce qu'ils ont de particulier. Il est
ainsi resté en contact avec un ancien collègue, Voudstok, cultivateur de
cannabis et nostalgique des sixties, et avec Remorus, un homme cynique qui rêve
d'être éditeur. Un jour, Martin s'aperçoit que des voisins se sont installés
près de son ermitage. Un couple, Aldo et Michelle. Ils sont querelleurs,
bruyants, envahissants, indiscrets. Et surtout, jeunes. Martin les observe, les
écoutes, les laisse entrer dans son univers. L'homme est un aspirant écrivain
narcissique qui rappelle peut-être à notre héros sa propre jeunesse. La femme,
une ancienne danseuse tentée par le théâtre, est blonde, belle, Martin la
surnommera en son for intérieur "la princesse des blés", malheureuse
en amour. Et dangereuse pour notre héros fragile. Tel le vieux rêveur des Nuits
blanches de Dostoïevski amoureux de sa Nasten'ka, Martin se prend à espérer de
nouveau. Aldo et Michelle lui confient leurs désirs, leurs rêves, et même leurs
secrets les plus inavouables, et Martin finira par en faire autant... Tout cela
n'empêche par l'humour : une des scènes culminantes du livre est la kermesse du
village, décrite avec une minutie hilarante ; elle s'achève sur une valse
échevelée dans laquelle Martin, oubliant les méfaits de l'âge, entraîne la
ravissante Michelle. Benni est trop lucide pour nous offrir un happy end qui
serait peu réaliste. Mais au finale, chacun aura apporté à l'autre sa part de
sincérité et de vérité, loin de tous les conformismes et de la vulgarité des
arrivistes. Après La Trace de l'ange, récit d'un difficile retour à la vie,
Stefano Benni nous offre un roman faussement simple, à la fois poétique, plein
d'humour, nostalgique et polyphonique. Même s'il n'oublie pas la satire
sociale, il nous rappelle aussi que, "de toutes les richesses" que
peut offrir la vie celles d'une nature merveilleusement automnale, celles des
nombreux petits miracles quotidiens, l'amour est sans doute la plus importante.
En un savant jeu de miroirs qui multiplie les échos à l'intérieur de son
intrigue, Benni fait dialoguer passé et présent, prose et poésie, réalité
contemporaine et légendes intemporelles. Il alterne et oppose les points de vue
et les registres, pastiche ses auteurs préférés et nous emporte dans le même
tourbillon musical que celui de la valse où le professeur entraîne la belle
Michelle, pour un instant d'éternité.