Titre Original: La vérité sur l’affaire Harry Quebert
Date de Parution : 2 juin 2014
Éditeur : Éditions de Fallois Poche
Nombre de pages : 700
Prix : 9,20€ 8,74€
Quatrième de couverture : Ce best seller enfin en poche !
À New York, au printemps 2008, alors que l Amérique bruisse des prémices
de l élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans
la tourmente : il est incapable d écrire le nouveau roman qu il doit remettre à
son éditeur d ici quelques mois. Le délai est près d expirer quand soudain tout
bascule pour lui : son ami et ancien professeur d université, Harry Quebert, l
un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se
retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15
ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l innocence de Harry,
Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son
enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l enquête s enfonce et
il fait l objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d
écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola
Kellergan ? Que s est-il passé dans le New Hampshire à l été 1975 ? Et comment
écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l américaine, La
Vérité sur l Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l Amérique, sur les
travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les
médias.
Extrait
Au début de l'année 2008, soit environ un an et demi après être devenu,
grâce à mon premier roman, la nouvelle coqueluche des lettres américaines, je
fus frappé d'une terrible crise de page blanche, syndrome qui, paraît-il, n'est
pas rare chez les écrivains ayant connu un succès immédiat et fracassant. La
maladie n'était pas venue d'un coup : elle s'était installée en moi lentement.
C'était comme si mon cerveau, atteint, s'était figé peu à peu. A l'apparition
des premiers symptômes, je n'avais pas voulu y prêter attention : je m'étais
dit que l'inspiration reviendrait le lendemain, ou le jour d'après, ou le
suivant peut-être. Mais les jours, les semaines et les mois avaient passé et
l'inspiration n'était jamais revenue.
Ma descente aux enfers s'était décomposée en trois phases. La première,
indispensable à toute bonne chute vertigineuse, avait été une ascension
fulgurante : mon premier roman s'était vendu à deux millions d'exemplaires, me
propulsant, à l'âge de vingt-huit ans, au rang d'écrivain à succès. C'était
l'automne 2006 et en quelques semaines mon nom devint un nom : on me vit
partout, à la télévision, dans les journaux, en couverture des magazines. Mon visage
s'affichait sur d'immenses panneaux publicitaires dans les stations de métro.
Les critiques les plus sévères des grands quotidiens de la côte Est étaient
unanimes : le jeune Marcus Goldman allait devenir un très grand écrivain.
Un livre, un seul, et je me voyais désormais ouvrir les portes d'une
nouvelle vie : celle des jeunes vedettes millionnaires. Je déménageai de chez
mes parents à Newark pour m'installer dans un appartement cossu du Village, je
troquai ma Ford de troisième main pour une Range Rover noire flambant neuve aux
vitres teintées, je me mis à fréquenter les restaurants huppés, je m'attachai
les services d'un agent littéraire qui gérait mon emploi du temps et venait
regarder le base-ball sur un écran géant dans mon nouveau chez-moi. Je louai, à
deux pas de Central Park, un bureau dans lequel une secrétaire un peu amoureuse
et prénommée Denise triait mon courrier, préparait mon café et classait mes
documents importants.
Durant les six premiers mois qui suivirent la sortie du livre, je
m'étais contenté de profiter de la douceur de ma nouvelle existence. Le matin,
je passais à mon bureau pour parcourir les éventuels articles à mon sujet et
lire les dizaines de lettres d'admirateurs que je recevais quotidiennement et
que Denise rangeait ensuite dans des grands classeurs. Puis, content de
moi-même et jugeant que j'avais assez travaillé, je m'en allais flâner dans les
rues de Manhattan, où les passants bruissaient à mon passage. Je consacrais le
reste de mes journées à profiter des nouveaux droits que la célébrité
m'octroyait : droit de m'acheter tout ce dont j'avais envie, droit aux loges
VIP du Madison Square Garden pour suivre les matchs des Rangers, droit de
marcher sur des tapis rouges avec des stars de la musique dont j'avais, plus
jeune, acheté tous les disques, droit de sortir avec Lydia Gloor, l'actrice
principale de la série télé du moment et que tout le monde s'arrachait. J'étais
un écrivain célèbre j j'avais l'impression d'exercer le plus beau métier au
monde. Et, certain que mon succès durerait toujours, je ne m'étais pas soucié
des premiers avertissements de mon agent et de mon éditeur qui me pressaient de
me remettre au travail et de commencer à écrire mon second roman.