Titre Original: La trahison d’Einstein
Date de Parution : 15 janvier 2014
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 162
Lu : Février 2014
Prix : 12,00€ 11,40€
Quatrième de couverture : L'action se déroule en 34, 39 et 45, sur les bords d'un lac du New Jersey où Einstein, résidant à Princeton, a ses habitudes, au cours de dialogues avec un vagabond qui squatte dans les parages.
En 39, Einstein adresse à Roosevelt sa fameuse lettre où il l'informe que les Nazis cherchent à obtenir l'arme nucléaire à partir de ses découvertes. Roosevelt déclenche alors le « projet Manhattan » qui aboutira à la bombe A et, plus tard, à Hiroshima.
Tourmenté, Einstein multiplie les appels au pacifisme et au désarmement. On l'accuse de faire le jeu de l'Allemagne, voire de Moscou, qui prépare aussi sa bombe. On le tient pour un dangereux utopiste, un traitre. Le F.B.I. le surveille, sans oser l'expulser. L'explosion d'Hiroshima, dont il est le lointain responsable, sera pour ce non-violent qui rêvait de paix universelle, un déchirement.
Au cours de ces conversations passionnées, parfois bouffonnes, sombres ou chimériques, revit toute l'histoire scientifique et politique du terrible XXe siècle.
Mon avis : Je ne sais plus combien de fois j'ai pu le dire sur ce blog, mais Éric-Emmanuel Schmitt m'a réconcilié avec le théâtre. Et une nouvelle fois encore avec cette nouvelle pièce de l'auteur, j'ai passé un véritable bon moment de lecture.
Cette pièce de théâtre ne comprend que trois personnages, Albert Einstein, n vagabond et O'Neil agent du FBI.
Éric-Emmanuel Schmitt nous montre dans ce livre, un Albert Einstein, à la fois émouvant et militant, militant antifasciste, mais aussi pacifiste qui devra de manière pragmatique laisser son pacifisme de côté pour lutter à sa manière contre le Nazisme.
Mais malgré sa position antinazie, les États-Unis restent sceptiques sur l'honnêteté du chercheur qui pourrait bien être un agent communiste.
O'Neil approchera Einstein par l'intermédiaire qui finira par être un ami du physicien et apprendra à connaître l'homme et ses combats. Un homme plus humaniste encore que pacifiste. La bombe atomique est à la fois sa manière de lutter contre le fascisme, mais aussi son pire cauchemar : l'homme capable de s'autodétruire pour des idées.
J'ai particulièrement apprécié un passage du livre que je vous retranscris en partie ici, qui reste en soit tellement vrai.
« Faux, la guerre ne constitue pas le seul moyen de résoudre des conflits ;je lui préfère la négociation, l’élévation morale. Or, depuis des siècles, on confie l’éducation du peuple à des militaires. Si ! Lisez les manuels d’histoire : ils exaltent le territoire, le royaume, la nation ; ils encensent les empereurs stratèges, des généraux tacticiens, ces monstres qui abandonnent des milliers de dépouilles derrière eux. On énumère les victoires en chantant alors que ces victoires scandent à chaque fois la défaite de l’homme. Votre fils a obéi à l’État. Quelle est pourtant la fonction de l’État ? Sa tâche consiste à protéger l’individu, à lui offrir la possibilité de se réaliser par son métier, son art, sa famille. L’État nous sert, nous n’avons pas à en devenir les esclaves. La personne humaine doit trôner au sommet, sa vie demeurant intouchable et sacrée. Pour moi, l’État se met hors la loi quand il nous contraint à une préparation militaire, il nous met hors la morale quand il nous oblige à assassiner. Comme vous je ne veux plus la guerre. Militer pour le pacifisme c’est insuffler l’esprit de concorde, provoquer une révolution mental. ».. « il faut détruire le sentiment nationaliste, ce prétendu amour des siens qui s’égare dans la haine des autres… »