Auteur: Jacques André
Bertrand
Titre Original: Comment j’ai mangé mon estomac
Date de Parution : 9 janvier 2014
Éditeur : Julliard
Nombre de pages : 112
Prix : 14,00€ 13,30€
Quatrième de couverture : Sous la forme d’un récit poétique et léger,
Jacques A. Bertrand retrace la chronique facétieuse de sa maladie. Avec un
étonnant mélange d’humour, de flegme et de sagesse, il dépeint tous les aspects
de son expérience – des plus absurdes aux plus douloureux – et atteint sans
conteste le sommet de son art.
Ce bon vieux docteur Knock l’avait bien dit : « La santé est un état
précaire qui ne présage rien de bon. » Pourtant, avant qu’Anatole Berthaud
(double de Jacques A. Bertrand, bien connu de ses aficionados) n’apprenne
qu’une tumeur s’est logée à l’entrée de son estomac, jamais il ne s’était
préoccupé outre mesure de cette région de son abdomen. Par malchance, au même
moment, sa compagne se découvre une tumeur au sein. Plus tard, atteinte d'un
accès de mélancolie aiguë, elle se retrouvera dans un service de réanimation
(coma profond). D’aucuns trouveraient la situation désespérante. De fait, elle
l’est, et pourtant c’est avec une irréductible insouciance, et un sens de
l’humour dénué de toute complainte, que le narrateur décrit l’univers
inhospitalier de l’ « hôpital » ; le peu d’empathie du personnel soignant ; la
dignité qu’on abandonne en remettant son corps à la médecine ; l’attente
interminable qui devient le lot quotidien du « patient » ; le deuil de sa liberté
lorsqu’on est astreint à résidence dans une chambre vétuste rappelant davantage
une cellule.
Affronter avec humour et philosophie une des circonstances les plus
graves de l’existence, telle est la réussite de ce récit enthousiasmant. Avec
une pudeur à la hauteur de sa légendaire élégance physique et morale, Jacques
A. Bertrand a manifestement le souci de ne pas faire peser sur le lecteur ses
grandes et petites misères. Poète ingénu évoluant dans le monde froid et
rationnel de la médecine, son « héros » (digne de la situation) prend le
contrepied du lamento et nous régale de ses reparties loufoques qui surprennent
son entourage.
Car Jacques A. Bertrand l’a bien compris, la maladie est une métaphore
et, à ce titre, un pur objet littéraire. Si le narrateur de ce récit déclare
avoir mangé son estomac, nul doute alors que Proust avait délibérément aspiré
ses bronches, et Montaigne calcifié ses reins. Mais la souffrance physique est
rarement un sujet de plaisanterie et peu d’auteurs sont parvenus, comme Jacques
A. Bertrand, à mettre à distance leur calvaire. Chez lui, la seule voie
possible consiste à s’en remettre encore et toujours à l’écriture, et au
plaisir de faire de bons mots, à défaut de bon maux. Avec l’insolence de
s’amuser de tout et même de sa maladie, il conserve cet esprit insoumis et
espiègle si nécessaire à la traversée des grandes turbulences. Et comme il le
répète sans cesse : « Il restera toujours les dîners au clair de lune, les
soirs de fin d’été. »
Jacques A. Bertrand est doté d’un humour irrésistible, d’une culture
époustouflante et d’un goût immodéré pour la langue française. Il en témoigne
également à l’émission de France Culture « Les Papous dans la tête ». Depuis
Tristesse de la Balance et autres signes en 1983, il a publié une vingtaine
d’ouvrages dont Le Pas du loup, Le Sage a dit, La Course du Chevau-léger,
J’aime pas les autres, Les Sales Bêtes, Les autres, c’est rien que des sales
types, Mariages et Commandeur des Incroyables et autres Honorables
Correspondants.