Pour finir dans la série des livres à petit prix, après vous
avoir sélectionné 10 livres chez Folio et au livre de poche, je vous propose
une dernière sélection de livres à petit prix chez Pocket.
Illuminations, Arthur Rimbaud
À son existence maudite de voyant, de voyou, de météore, Une
saison en enfer semblait lancer un dernier adieu. La fête était finie. Avec les
Illuminations, Rimbaud, à vingt ans, écrit le dernier acte de son « opéra
fabuleux », le plus énigmatique. En fixant ses délires et ses vertiges, il
ouvre les portes de l'inconscient et de l'inconnaissable, il transfigure ses
visions, invente le surréalisme, les villes du futur, prophétise l'ère
atomique.
Les dernières lueurs du « voleur de feu » créent un
spectacle total mélangeant l'épopée, la chanson, le cirque, tous les genres et
tous les styles. Les Illuminations annoncent un nouveau monde, qui est
finalement le nôtre.
Le monde est une mascarade ou le succès va de préférence aux
crapules. La réussite, les honneurs, les femmes et le pouvoir : le monde n'a
guère changé. On rencontre toujours ? moins les moustaches ? dans les salles de
rédaction ou ailleurs, de ces jeunes aventuriers de l'arrivisme et du sexe.
Comme Flaubert, mais en riant, Maupassant disait de son
personnage, l'odieux Duroy : « Bel-Ami, c'est moi.» Et pour le cynisme, la
fureur sensuelle, l'athéisme, la peur de la mort, ils se ressemblaient assez.
Mais Bel-Ami ne savait pas écrire, et devenait l'amant et le négrier d'une
femme talentueuse et brillante. Maupassant, lui, était un immense écrivain.
Universel, déjà, mais par son réalisme, ses obsessions et ses névroses, encore
vivant aujourd'hui.
Comme disait parfois son précepteur Pangloss, si Candide
n'avait pas été chassé d'un beau château à grands coups de pied au derrière
pour l'amour de mademoiselle Cunégonde, s'il n'avait pas connu le tremblement
de terre de Lisbonne, l'Inquisition, le Paraguay et l'Eldorado, il ne serait
pas là, dans sa petite métairie pleine d'orangers, à manger des pistaches et à
cultiver son jardin.
Les voyages et les aventures de Candide à la poursuite de la
sagesse et du bonheur donnent le vertige. Comment garder son optimisme quand on
va d'horreurs en catastrophes ? Voltaire ne croit ni au Bien ni à la
Providence. Partout dans le monde, les hommes sont fanatiques, méchants,
belliqueux. Candide doit apprendre la tolérance, les bienfaits du travail,
l'art de vivre en paix avec soi et avec les autres. Et l'amour de la liberté.
Boulevardier parisien et haut fonctionnaire familier des
salons, Mérimée aimait les femmes et était aimé d'elles. Mais jamais il
n'aurait osé vivre une passion pour un personnage d'une liberté sauvage comme
Carmen, femme fatale et tragique qui conduira son amant au meurtre et au néant.
Don José est le pantin de la gitane immortelle, de la
cigarière féroce qui le mène à sa perte. Devant son regard sombre et ses
accroche-coeurs, ce gaillard à l'épée facile est condamné à ramper. Elle le
trompe, le nargue, le trompe encore. Carmen est un démon. Quand il s'en rendra
compte, il sera trop tard.
Tous les feux brûlants de l'Espagne passent dans ce furieux
chef-d'oeuvre ordonné comme une corrida avec mise à mort finale. Une merveille
de cruauté au style calme et impassible vers lequel l'opéra, le cinéma et le
ballet ne cesseront de revenir.
Au début des années 1920, dans une débauche de luxe,
d'alcool et d'argent, un mystérieux personnage s'installe à Long Island dans un
domaine incroyable d'extravagance. Qui est ce charmant et légendaire Gatsby,
incarnation du pouvoir et de la réussite, dont les fêtes attirent toute la
société locale ? Les rumeurs les plus folles circulent. Un espion ? Un
gentleman anglais ? Un héros de guerre ? Un mythomane ?
Une vérité plus profonde se cache derrière l'orgueil et la
magnificence de Gatsby, celle d'un ancien adolescent pauvre et d'un amant trahi
qui ressemble beaucoup à Fitzgerald lui-même.
Le vingtième siècle ne fait que commencer mais la fête
semble déjà finie...
La gloire d'Edmond Rostand est inimaginable aujourd'hui. Ses
contemporains le tiennent pour le plus grand écrivain de tous les temps. Cyrano
de Bergerac suscite une véritable adoration, indéfiniment renouvelée. On
devrait encore savoir par coeur ces vers piaffants, cliquetants, étourdissants,
à l'image de ce héros romantique et baroque, de ce d'Artagnan amoureux.
Savant fou tombé de la lune ou ferrailleur étourdissant, si
tous les Français se reconnaissent en lui, s'il nous arrache des larmes, c'est
parce qu'il est vrai, d'une profonde vérité humaine. C'est lui que Roxane
aimait, son intelligence, son esprit, et non le beau et ennuyeux Christian.
Cyrano est une part de nous-mêmes, le vengeur des humiliés et des offensés, des
timides et des ratés de l'amour. À la fin de l'envoi, c'est toujours lui qui
gagne.
Jeune encore et déjà lassé du sombre et bruyant Paris,
Alphonse Daudet vient passer les étés dans son moulin de Fontvielle, "
piqué comme un papillon " sur la colline parmi les lapins. Dans cette
ruine ensoleillée de la vallée du Rhône, naissent ces contes immortels qui
assureront sa gloire.
Au loin, on entend la trompe de Monsieur Seguin sonnant sa
jolie chèvre blanche. Dans le petit bois de chênes verts, un sous-préfet
s'endort en faisant des vers. Au ciel, ou les étoiles se marient entre elles,
le curé de Cucugnan compte ses malheureux paroissiens. Et dans la ville
voisine, un jeune paysan meurt d'amour pour une petite Arlésienne tout en
velours et dentelles qu'on ne verra jamais.
Le vieux moulin abandonné est devenu l'âme et l'esprit de la
Provence. Dans le silence des Alpilles ou le tapage des cigales et des
tambourins, parfumés d'émotions, de sourires et de larmes, ces contes semblent
frappés d'une éternelle jeunesse.
Dorothée et son jeune chien Toto sont emportés par un
cyclone et transportés dans un pays merveilleux. Seul le grand et puissant
magicien d'Oz peut aider la jeune fille à rentrer chez elle, au Kansas. Mais le
chemin est long et semé d'embûches : accompagnée d'un épouvantail qui se plaint
de ne pas avoir de cerveau, d'un bûcheron en fer-blanc qui dit ne pas avoir de
coeur, et d'un lion qui a peur de manquer de courage, Dorothée se rend dans la
cité d'Émeraude...
Bienvenue dans un monde de châteaux et de forêts ou des
bûcherons misérables perdent leurs enfants, des ogres sentent la chair fraîche,
des fées changent les citrouilles en carrosses et les souris en chevaux, des
princes cherchent leur princesse parmi les souillons, des rois deviennent des
tueurs en série et des chats des génies de malice et d'ambition.
Bienvenue dans un monde de merveilles et de férocités, ou un
petit être fasciné sous son chaperon rouge entend les mots les plus effrayants
de notre littérature : « C'est pour mieux t'embrasser mon enfant ! »
Par un jour d'été 1862, sur les berges de la Tamise, un
jeune professeur d'Oxford, poète et mathématicien, improvise un conte pour
distraire les trois fillettes d'un de ses amis. Charles Dodgson, alias Lewis
Carroll, est en train d'improviser Alice au pays des merveilles.
Assise au bord de la rivière, Alice s'ennuyait un peu quand
soudain, venu de nulle part, surgit un lapin blanc pressé de regagner son
terrier. N'hésitant pas à le suivre, Alice pénètre dans un monde de prodiges et
de menaces qui n'est autre que le royaume de l'enfance. Et voici le chat de
Cheshire à l'étrange sourire, la terrible Reine de coeur, le Chapelier fou et
le Lièvre de Mars, la Fausse Tortue et le Valet-Poisson...
Un siècle et demi plus tard, ce monde enfantin et absurde,
surréel et symbolique, est resté le nôtre.