Dimanche dernier je vous proposer ma sélection de 10 livres Folio 2€, cette semaine je vous propose une nouvelle sélection d’ouvrage a tout
petit prix au livre de poche dans la collection Libretti.
Car l’on peut trouver de très bonnes lectures pour moins de
2€.
À Paris, le narrateur lit la Gazette des tribunaux en
compagnie de son ami Charles Auguste Dupin : on y rend compte d’un double
assassinat fort mystérieux et Dupin, assuré que la police travaille sans
méthode, décide de mener lui-même l’enquête. Et il résout l’énigme de manière
si brillante que le préfet de police ne manque pas de le consulter lorsqu’un
document des plus importants – une lettre – est dérobé dans les appartements
royaux.
Analyste de premier ordre, mais lui-même personnage
mystérieux, Dupin est au cœur de ces deux nouvelles publiées aux États-Unis en
1841 et en 1845 – et avec lui se trouve inventé le personnage moderne du
détective. Mais ce que Edgar Poe invente aussi sans le savoir, c’est le genre
du roman policier.
«La Barbe bleue», «Le Petit Chaperon rouge», «Cendrillon» ou
«Le Petit Poucet» appartiennent depuis longtemps à la tradition folklorique
quand Perrault s'en empare et les renouvelle. Grâce à une parfaite maîtrise du
récit, à un savant mélange de profondeur et de légèreté, il fait de ce fonds
naïf et populaire un chef-d'oeuvre de conteur et de moraliste : rien qui pèse
ou qui pose en ces pages pleines d'humour, souvent, et d'ironie, écrites en une
langue dont le naturel ni la grâce n'ont vieilli.
Lorsque Perrault les fait paraître sous forme manuscrite
en 1695, puis en volume deux ans après, ces histoires
rencontrent un succès immédiat qui doit beaucoup à la mode que le conte de fées
connaît alors dans les salons et à la cour. Mais la mode est passée, et cette
littérature qu'on disait destinée aux enfants a ouvert à l'intemporel la
présence devenue familière de ses personnages que chaque époque adopte comme
s'ils étaient les siens.
Parce que La Fontaine a fait de la diversité sa devise, les
fables retenues pour ce volume ne sont pas seulement les plus célèbres, mais
préservent également toute la variété des deux recueils parus en 1668 et en
1678. Le petit monde que le fabuliste fait vivre sous nos yeux est ainsi une «
comédie à cent actes divers, "Et
dont la scène est l’univers". S’il fait tenir tant de rôles à tant
d’animaux, il ne les peint pas cependant pour eux-mêmes, mais pour l'image
qu’ils peuvent nous donner de nous : comme tous ses contemporains, la nature ne
le retient que si elle renvoie d’abord à ce que nous sommes. Ce sont nos vices
qu’il nous montre, notre bêtise et notre cruauté qu’il fustige, et sa vision de
l’humanité reste pessimiste et amère. Ses fictions continuent néanmoins de nous
attacher de manière unique, car La Fontaine les a voulues plaisantes, et tous
ces songes où son esprit s’amuse sont une œuvre de poésie virtuose autant que
de sagesse. Dans cette recréation du monde, André Gide voyait « un miracle de
culture » : c’est aussi, aujourd’hui encore, un miracle de fantaisie, une
transmutation charmante de la réalité.
Martin m'a téléphoné...
L'Ecrevisse
Le Rappel
Les Chiens, le désir et la mort
« - C'est tout ? demanda la putain déçue.
- Vous auriez voulu qu'il m'assommât, hein ? ricana le chat
sarcastique. Ben, vous avez une chouette mentalité, vous, alors ! Au fait, vous
n'allez jamais au Pax-Vobiscum ?
C'était un hôtel du quartier. Pour tout dire, une maison de
pax.
- Si, répondit sans détours la putain.
- Je suis copain avec la bonne, dit le chat. Qu'est-ce
qu'elle me file comme muffées !... »
Ainsi s'exprime le chat noir de la première nouvelle,
hâbleur, dragueur, ergoteur et maître d'argot...
Boris Vian a composé ces cinq histoires au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, dans une humeur baignée de jazz et de liberté. Récits tendres
et cocasses, parfois d'une folle cruauté, ils sont tous traversés par le rêve
d'une Amérique tutélaire, grâce auquel Vian, qui pourtant ne franchit jamais
l'Océan, donne libre cours à sa géniale inventivité. Ces histoires illustrent
comment cet écrivain précoce se mit rapidement à jouer sur le langage, en se
forgeant un style qui sert aujourd'hui encore de référence.
Que ce soit l’amour impossible d’un soldat de plomb pour une
danseuse de porcelaine dans Le Vaillant Soldat de plomb, celui d’une petite
sirène pour un prince dans La Petite Sirène, ou encore la mise en scène de la
vanité des hommes dans Les Nouveaux Habits de l’empereur, Andersen sait avec
une grande subtilité, à partir d’objets ou d’attitudes de la vie quotidienne,
enchanter le réel. Chaque conte est ainsi pour l’écrivain l’occasion de relater
un parcours initiatique à travers des récits courts, merveilleusement ciselés.
Ses propres obsessions autobiographiques sont transfigurées en données
universelles qui décrivent, sous une forme faussement anodine, les profondeurs
de l’âme humaine. Dès lors, nous comprenons pourquoi les Contes d’Andersen
restent le livre le plus traduit après la Bible.
Ce volume comprend : La Princesse sur le pois, La Petite
Sirène, Les Nouveaux Habits de l’empereur, Le Vaillant Soldat de plomb, Le
Vilain Petit Canard, La Bergère et le Ramoneur, La Petite Fille aux allumettes.
Un monstre rôde dans les brumes victoriennes de Londres. Il
a piétiné une fillette, tué un député et boxé une marchande d'allumettes. C'est
un petit homme difforme et mal habillé, qui inspire à tous ceux qui l'ont vu
des sentiments mêlés de répulsion, de crainte et de haine. À quoi, à qui
ressemble-t-il ? Pourquoi les témoins oculaires de ses méfaits sont-ils
incapables de décrire Mr Hyde ? Pourquoi Mr Utterson, le notaire du Dr Jekyll,
est-il hanté par le testament de son client, au point de faire des cauchemars ?
Pourquoi se lance-t-il sur la piste de Hyde, dans une partie de cache-cache
funeste aux dimensions d'une ville labyrinthe ? Quel lien, en définitive, unit
Dr Jekyll à Mr Hyde ? Issu d'un cauchemar de son auteur, et salué dès sa
parution par Henry James comme un "chef-d'oeuvre de concision", ce
roman policier en trompe-l'oeil, dont les récits imbriqués débouchent sur un
conte fantastique, réserve une surprise de taille au lecteur, et de nombreuses
zones d'ombre. Dès 1886, Stevenson plonge dans les profondeurs déformantes du
miroir de l'âme humaine jusqu'aux racines de l'inconscient.
Poil de Carotte a beau se taillader les joues pour qu'elles
rosissent, personne ne l'embrasse.
Mme Lepic n'aime pas son petit dernier aux cheveux roux. « Tout le monde ne peut pas être
orphelin », se répète Poil de Carotte, et il nous livre ses idées personnelles,
« ainsi nommées parce qu'il faut les garder pour soi ». Ni la générosité ni la
sincérité ne paient dans le monde des adultes. Il faut ruser.
L'existence de Poil de Carotte est un enfer dont il ne
s'échappe que par une cruelle lucidité.
Jules Renard a écrit là un chef-d'oeuvre d'ironie,
d'intelligence et de tendresse. « Qui a lu une telle oeuvre ne peut l'oublier
», affirme Robert Sabatier.
L’Histoire d’un cœur simple est tout bonnement le récit
d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique,
dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement
un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne,
puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en
mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n’est
nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et
très triste.
« ... un matin, comme je me promenais près de mon parterre
de rosiers, je vis, je vis distinctement tout près de moi, la tige d'une des
plus belles roses se casser comme si une main invisible l'eût cueillie, la
fleur resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile,
effrayante, à trois pas de mes yeux.
Saisi d'une épouvante folle, je me jetai sur elle pour la
saisir. Je ne trouvai rien. Elle avait disparu...
à partir de ce moment-là, je sus qu'il existait près de moi
un être invisible qui m'avait hanté et qui revenait. Un peu plus tard, j'en eus
la preuve. »
Confession lucide et maîtrisée d'un homme qui assiste au
naufrage de sa propre raison, Le Horla nous révèle la trajectoire secrète et
fulgurante qui relie la plénitude de la santé au martyre de la démence. Nul
autre récit fantastique - en raison, peut-être, de certains accents
autobiographiques - n'a développé avec plus de rigueur et de vérité clinique
l'implacable logique de l'imaginaire.
« ...C'était bien une Vénus, et d'une merveilleuse beauté.
Elle avait le haut du corps nu, comme les anciens représentaient d'ordinaire
les grandes divinités. Rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours
; rien de plus élégant et de plus noble que sa draperie. Quant à la figure,
jamais je ne parviendrai à exprimer son caractère étrange, et dont le type ne se
rapprochait de celui d'aucune statue antique dont il me souvienne. Tous les
traits étaient contractés légèrement : les yeux un peu obliques, la bouche
relevée des coins, les narines quelque peu gonflées. Dédain, ironie, cruauté se
lisaient sur son visage. En vérité, plus on regardait cette admirable statue,
et plus on éprouvait le sentiment pénible qu'une si merveilleuse beauté pût
s'allier à l'absence de toute sensibilité.
- Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyreho-rade,
que je plains ses amants ! Elle a dû se complaire à les faire mourir de
désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je
n'ai jamais vu rien de si beau »...