Auteur: Gabriel
Chevallier
Titre Original: La Peur
Date de Parution : 8 septembre 2010
Éditeur : Le livre de poche
Nombre de pages : 416
Prix : 7,10€ 6,75€
Quatrième de couverture : Gabriel Chevallier, que l’on reconnaît sous les
traits de Jean Dartemont, raconte la guerre de 1914-1918 telle qu’il l’a vécue
et subie, alors qu’il n’avait que vingt ans. Le quotidien des soldats – les
attaques ennemies, les obus, les tranchées, la vermine – et la Peur, terrible,
insidieuse, « la peur qui décompose mieux que la mort ». Parue en 1930,
censurée neuf ans plus tard, cette oeuvre, considérée aujourd’hui comme un
classique, brosse le portrait d’un héros meurtri, inoubliable.
Voilà plus de trente ans qu’une exceptionnelle estime m’attache
secrètement à ce livre. Roger Martin du Gard, 21 janvier 1956.
La Peur de Gabriel Chevallier est un très beau, très vrai livre de
guerre. Sa sincérité est totale, effrayante et parfois cynique. Pierre Scize,
Le Canard enchaîné.
Un témoignage peut-être encore plus terrifiant que Le Feu d’Henri
Barbusse et Les Croix de bois de Roland Dorgelès. Bernard Pivot, Le Journal du
dimanche.
Extrait
L'affiche
«Le danger de ces communautés (les peuples), fondées sur des individus
caractéristiques d'une même sorte, est l'abêtissement peu à peu accru par
hérédité, lequel suit d'ailleurs toujours la stabilité ainsi que son ombre.»
Nietzsche
Le feu couvait déjà dans les bas-fonds de l'Europe, et la France
insouciante, en toilettes claires, en chapeaux de paille et pantalons de
flanelle, bouclait ses bagages pour partir en vacances. Le ciel était d'un bleu
sans nuages, d'un bleu optimiste, terriblement chaud : on ne pouvait redouter
qu'une sécheresse. Il ferait bon à la campagne ou à la mer. Les terrasses de
café sentaient l'absinthe fraîche et les Tziganes y jouaient La Veuve joyeuse,
qui faisait fureur. Les journaux étaient pleins des détails d'un grand procès
qui occupait l'opinion; il s'agissait de savoir si celle que certains
appelaient la «Caillaux de sang» serait acquittée ou condamnée, si le tonnant
Labori, son avocat, et le petit Borgia en jaquette, cramoisi et rageur, qui
nous avait quelque temps gouvernés (sauvés, au dire de quelques-uns), son mari,
l'emporteraient. On ne voyait pas plus loin. Les trains regorgeaient de
voyageurs et les guichets des gares distribuaient des billets circulaires :
deux mois de vacances en perspective pour les gens riches