Auteur: Laura Kasischke
Titre Original: Esprit d’hiver
Date de Parution : 22 août 2013
Éditeur : Christian Bourgois
Nombre de pages : 276
Prix : 20,00€ 19,00€
Quatrième de couverture : En ce matin de Noël, Holly se réveille, en
retard, hantée par un funeste pressentiment : l'impression que, quand elle est
partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque
chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette
angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit
retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux. Très rapidement, les incidents
s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement
toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors
qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses
parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule
avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil
duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et
incohérent. Elle qui était toujours apparue comme une enfant sage,
attentionnée, affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des
reproches. Attitude relativement classique de la part d'une adolescente, mais
déconcertante de la part de Tatiana du fait de son caractère si soudain.
Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée tendue pour égrener tous ses griefs à sa
mère ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à
l'orphelinat en Russie ? Aurait-elle conservé de ces moments certains
traumatismes ou faiblesses de constitution qui ne ressurgiraient que maintenant
? Les sautes d'humeur incessantes de Tatiana, entre tendresse et agressivité,
sont aussi marquées par des changements de vêtements qui la font passer du
statut de petite fille à celui d'une adolescente très féminine et délurée. De
même, ses allées et venues incessantes entre la cuisine et sa chambre ne font
qu'accroître le trouble de Holly à son égard. Une série d'apparitions et de
disparitions assez perturbantes pour inciter sa mère, inquiète de ses silences
répétés et inexpliqués, à tenter de l'espionner, de l'autre côté d'une porte
que Tatiana n'avait encore jamais verrouillée jusqu'à ce jour... Au fil de
cette matinée raccourcie mais à la temporalité distendue, Holly fait défiler
les souvenirs qui l'ont conduite à adopter Tatiana, les voyages en Russie
effectués pour l'occasion, et à la faveur de ces souvenirs ressurgit, désormais
indélébile, cette angoisse qui l'assaillit depuis son réveil. Elle rend aussi
compte de certaines frustrations personnelles, comme le renoncement à
l'écriture, une occupation avec laquelle elle aimerait renouer mais qui semble
difficilement conciliable avec sa condition de mère, et la maladie à laquelle
elle a été confrontée. Les coups de téléphone, de plus en plus lapidaires,
rythment cette matinée qui tourne au cauchemar, les catastrophes météorologiques
s'ajoutant aux incidents domestiques et aux interventions agressives et
perturbantes de Tatiana. La tension va ainsi croissant, laissant Holly de plus
en plus seule et désemparée, jusqu'à la chute finale, condensée en quelques
lignes, qui bouleverse la lecture et remet l'ensemble du récit en perspective.
Aussi happant qu'oppressant, Esprit d'hiver constitue un brillant huis clos au
fil duquel Laura Kasischke introduit détails et indices en apparence banals et
qui se révéleront glaçants. A travers ce roman dont le suspense est brillamment
instillé et maintenu jusqu'à la dernière ligne, Laura Kasischke propose une
réflexion sur ce que l'on refuse d'admettre, sur le déni, ainsi que sur le
resurgissement des souvenirs enfouis, qui ne disparaissent jamais totalement.
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