Auteur: Nancy Huston
Titre Original: Danse noire
Date de Parution : 21 août 2013
Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 368
Prix : 21,00€ 19,95€
Quatrième de couverture : Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À
son chevet, le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet
commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours
de Milo. Dans un grand mouvement musical pour chanter ses origines d’abord
effacées puis peu à peu recomposées, ce film suivrait trois lignes de vie qui,
traversant guerres et exils, invasions et résistances, nous plongeraient dans
la tension insoluble entre le Vieux et le Nouveau Monde, le besoin de transmission
et le rêve de recommencement.
Du début du xxe siècle à nos jours, de l’Irlande au Canada, de la
chambre sordide d’une prostituée indienne aux rythmes lancinants de la capoeira
brésilienne, d’un hôpital catholique québecois aux soirées prestigieuses de New
York, cette histoire d’amour et de renoncement est habitée d’un bout à l’autre
par le bruissement des langues et l’engagement des coeurs.
Film ou roman, roman d’un film, Danse noire est l’oeuvre totale, libre
et accomplie d’une romancière au sommet de son art.
«Toute création, même la divine, prend sa source
dans un trou noir.
Vingt ans après Cantique des plaines, Danse noire
explore les racines enfouies et les fruits parfois difformes de l’identité
canadienne... et de l’identité tout court.
Mon idée de départ, comme si souvent, était musicale
: de même qu’un prélude de Bach fait souvent avancer simultanément trois airs à
des rythmes différents, de même, ici, j’ai suivi trois destinées très
dissemblables, pourtant soudées par des liens de sang. Comme trois fils de
couleur, tressés dans le temps…
Premier fil : le Québecois Milo Noirlac, coeur
sombre du roman. Être étrangement passif et comme détaché de tout, sombre mais
joyeux, dépressif mais curieux, scénariste de son état, il reconstitue
l’histoire de sa vie avec l’aide de son amant le réalisateur Paul Schwarz, pour
en faire un film. Ainsi assiste-t-on en direct (et en abyme) à la “cuisine” de
la création : comment les deux hommes s’y prendront-ils pour construire les
scènes, échafauder les dialogues et amener les « spectateurs » à s’identifier
aux personnages ? Deuxième fil : prostituée indienne de Montréal, Awinita, la
mère de Milo, l’a abandonné dès sa naissance. Les autochtones sont depuis cinq
siècles l’ombre portée des deux continents américains… Awinita ne connaît de
langue qu’orale : Cri est le nom de sa tribu mais aussi le timbre secret de sa
voix. Milo n’a pour ainsi dire pas de souvenir d’elle ; n’empêche qu’elle lui a
transmis un héritage crucial ; ce sont les rythmes, la colère, le lien à la
Terre et la force vitale de ces peuples écrasés qu’il reconnaîtra plus tard
dans la capoeira brésilienne, qui deviendra sa passion.
Enfin, Neil Kerrigan alias Noirlac, le
merveilleux grand-père de Milo, grand raté comme je les aime, était dans sa
jeunesse un avocat irlandais, passionné de Yeats et de Joyce. Impliqué dans la
rébellion de Pâques à Dublin en 1916, il a été obligé d’émigrer au Québec deux
ans plus tard. Cet exil lui a fait perdre non seulement sa terre mais aussi sa
langue, et ses ambitions littéraires en ont été fracassées…
Danse noire est profondément un roman sur l’exil
et la transmission, sur l’incompréhension dont Babel est un symbole… et sur la
fragile possibilité de rédemption grâce à la transformation artistique.»
N.H