Latex etc.. Margaux Guyon


Auteur: Margaux Guyon
Titre Original: latex etc.
Date de Parution : 4 avril 2013
Éditeur : Pocket
Nombre de pages : 260
Prix : 6,70€ 6,36€

Quatrième de couverture : Que faire quand on habite la petite ville de C*** et que l’on trouve le temps désespérément long ? Margaux, dix-huit ans, est partagée entre les copains, les livres, l’art de la vanne sèche et les soucis vestimentaires. Et ce n’est pas dans sa famille - mère démissionnaire, père absent et sœur frappée de mysticisme et d’acné juvénile - qu’elle trouvera un divertissement à son ennui. Apparaît alors une solution - temporaire - à son désœuvrement. Histoire de s’oublier, elle se jette dans les bras de la bonne bourgeoisie d’Avignon, la grande ville toute proche qui, elle, ne l’oubliera pas. Et la payera, cher. Call-girl de hasard, elle dépense ce qu’elle gagne en s’achetant fanfreluches et accessoires, notamment le Mac sur lequel elle raconte sa lamentable, joyeuse et trop véridique existence. Entre heurs et malheurs, une histoire faite d’amours vénales, et sans joie. Évidemment, cela ne peut que mal finir.

Extrait
Février.
Les premières mesures de Dancing Barefoot. Mon portable ! Je décroche avant que la voix de Patti Smith résonne dans ma mémoire.
- Oui ?
- Margaux ?
Je ne reconnais pas la voix. Je répète mon «oui» vaguement interrogatif, qui ne risque pas de me compromettre.
- Je suis un ami de P***, dit l'inconnu.
Ça y est, c'est reparti ! P***, mon maquereau bénévole, celui qui rabat vers mon corps de grande fille désoeuvrée tout ce qu'Avignon et sa région contiennent de bobos friands de chair et de petites culottes fraîches. P*** qui le premier m'a mis le pied à l'étrier, et la capote à la main.
- Oui ? répété-je.
Ne pas marquer d'enthousiasme. Ne pas repousser non plus.
- Seriez-vous libre ce soir ? demande l'homme.
Il a une voix chaude, où l'accent du Midi est à peine perceptible. C'est à la limite du supportable - je déteste l'accent du Sud.
- Veuillez m'excuser de vous appeler si tard, ajoute-t-il. Mais tout cela s'est monté impromptu.
Politesse exquise, et vocabulaire classique. Pour un peu, ce pourrait être mon prof de philo.
- Tout cela, quoi ? demandé-je.
- Vous saurez ça en temps voulu.
Et non sans perfidie ou intuition, il ajoute :
- Votre soirée promettait-elle d'être si intéressante que cela ? Un vendredi soir à C***... Et il n'y a rien de bien passionnant à la télévision...
- Je ne regarde jamais la télé, dis-je. Bon, pratiquement ?
- Je passerai vous chercher vers 20 heures. Ça vous va ?
- Je peux m'arranger. Je dois m'habiller comment ?
- Comme vous voulez - en jean, tant qu'à faire, je viens vous prendre en moto. Vous serez habillée sur place. Ne vous souciez de rien.
- Et vous me ramènerez ?...
- Au matin, probablement.
- Au matin ?
- Vous serez très largement récompensée, Margaux. Très largement.
- Et je serai «largement» dans quel état ? Il a alors cette réflexion stupéfiante :
- Bah, là où il n'y a pas de peine, il n'y a pas de plaisir..