Le jour de la
Saint-Valentin, le 14 février, est considéré dans de nombreux pays comme la
fête des amoureux et de l'amitié. Les couples en profitent pour échanger des
mots doux et des cadeaux comme preuves d’amour ainsi que des roses rouges qui
sont l’emblème de la passion.
À l’origine une coutume
païenne, cette fête a finalement été assimilée par l'Église catholique romaine
par la désignation de saint Valentin comme saint patron des couples. Le jour de
la Saint-Valentin n’aurait pas été associé avec l’amour romantique avant le
haut Moyen Âge mais avec l'amour physique. La fête est maintenant associée plus
étroitement à l’échange mutuel de « billets doux » ou de valentins illustrés de
symboles tels qu’un cœur ou un Cupidon ailé.
À l’envoi de billets au
XIXe siècle a succédé l’échange de cartes de vœux. Cependant, en Amérique du
Nord, les échanges de cartes ne se font pas selon la conception européenne où
la carte de Saint-Valentin est envoyée à une personne « unique ». Il n'est pas
rare qu'une personne y envoie une dizaine de cartes, et même que des élèves
d'école primaire en envoient à leur maîtresse d'école.
L’association du milieu
du mois de février avec l’amour et la fertilité date de l’antiquité. Dans le
calendrier de l’Athènes antique, la période de mi-janvier à mi-février était le
mois de Gamélion, consacré au mariage sacré de Zeus et de Héra.
Dans la Rome antique, le
jour du 14 février était nommé les Lupercales ou festival de Lupercus, le dieu
de la fertilité, que l’on représente vêtu de peaux de chèvre. Les prêtres de
Lupercus sacrifiaient des chèvres au dieu et, après avoir bu du vin, ils
couraient dans les rues de Rome à moitié nus et touchaient les passants en
tenant des morceaux de peau de chèvre à la main. Les jeunes femmes
s’approchaient volontiers, car être touchée ainsi était censé rendre fertile et
faciliter l’accouchement. Cette solennité païenne honorait Junon, déesse
romaine des femmes et du mariage, ainsi que Pan, le dieu de la nature.
Au moins trois saints
différents sont nommés Valentin, tous trois martyrs. Leur fête a été fixée le
14 février par décret du pape Gelase Ier, aux alentours de 498. C’est à cette
date qu’ils sont mentionnés dans les premiers martyrologes :
Valentin de Rome, un
prêtre qui a souffert le martyre à Rome dans la seconde moitié du IIIe siècle
et qui a été enterré sur la Via Flaminia.
Valentin de Terni, un
évêque d’Interamma (le Terni moderne), qui a également souffert le martyre dans
la deuxième moitié du IIIe siècle et qui a également été enterré sur la Via
Flaminia.
Le rapprochement entre
la Saint-Valentin et l’amour courtois n’est mentionné dans aucune histoire
ancienne et est considéré par des historiens comme une légende. Il existe une
autre légende selon laquelle la fête de la Saint-Valentin a été créée pour
contrecarrer la pratique des Lupercales par les jeunes amoureux qui dessinaient
leurs noms sur une urne, mais cette pratique n’est citée dans aucune source
écrite de l’époque.
Il ne faut cependant pas
oublier que la plupart des fêtes chrétiennes se sont substituées à des fêtes
païennes. Le jour de la Saint-Valentin a longtemps été célébré comme étant la
fête des célibataires et non des couples. Le jour de la fête, les jeunes filles
célibataires se dispersaient aux alentours de leur village et se cachaient en
attendant que les jeunes garçons célibataires les trouvent (définition des
Lupercales). À l’issue de ce cache-cache géant, les couples formés étaient
amenés à se marier dans l’année. Ceci permettait de développer la démographie
et stimuler l’expansion des villages.
Cette pratique laissait
libre cours à beaucoup de tricheries de la part de couples officieux ainsi que
des hommes qui visaient une jeune fille en particulier et notamment « la plus
belle du village », très courtisée.
La première mention du
jour de la Saint-Valentin avec une connotation amoureuse remonte au XIVe siècle
en Angleterre, où l’on croyait que le 14 février était le jour où les oiseaux
s'appariaient (lire entre autres « La Dame à la licorne »). Cette croyance est
mentionnée dans les écrits de Geoffrey Chaucer au XIVe siècle. Il était courant
durant cette période que les amoureux échangent des billets et s’appellent
chacun leur Valentin. Un de ces billets du XIVe siècle se trouverait à la
British Library. Il est probable que nombre de légendes sur la Saint-Valentin
ont été inventées pendant cette période. Parmi ces légendes, on trouve
celles-ci :
La veille du martyre de
Saint Valentin, il a glissé un « valentin » à la fille du geôlier qui aurait lu
« de la part de votre Valentin ».
Pendant une période
d’interdiction de mariage des soldats romains par l’empereur Claude II, Saint
Valentin arrangeait secrètement les mariages. Dans la plupart des versions de
cette légende, le 14 février est la date liée à son martyre.
Ce fut Othon de
Grandson, lors de la deuxième moitié du XIVe siècle, poète et capitaine à la
cour d'Angleterre, qui fit connaître cette coutume dans le monde latin,
notamment à la cour de Savoie : trente pour cent de sa poésie est dédiée à cette
tradition. Citons par exemple La Complainte de Saint Valentin (I et II), La
Complaincte amoureuse de Sainct Valentin Gransson, Le Souhait de Saint Valentin
et Le Songe Saint Valentin.
Au début du XVe siècle,
Charles d’Orléans fit connaître l'œuvre d'Othon à la cour de France. Il écrivit
lui-même plusieurs poèmes dédiés à la Saint-Valentin. Par la suite, cette
tradition se perdit dans le monde latin et ne fut réactualisée qu'au XIXe
siècle.