Auteur: Pascal Quignard
Titre Original: Les désarçonnés
Date de Parution : 12 septembre 2012
Éditeur : Grasset
Éditeur : Grasset
Nombre de pages : 352
Prix : 20,00€ 19,00€
Quatrième de couverture : "Dans Les Désarçonnés j’évoque ceux qui
tombent et se relèvent. Curieusement je défends ce dont j’ai si souvent fait
les frais : la dépression nerveuse. Si on veut changer de vie, si on veut
changer de famille, si on veut changer de couple, si on veut changer de maison,
si on veut changer de pays, il faut repasser par la case départ. Pour toute
renaissance il faut repasser par la naissance. C’est ce que les psychanalystes
appellent la détresse originaire. C’est exactement ce que les modernes
appellent la dépression nerveuse. Ma thèse est infiniment simple : c’est que la
dépression nerveuse et la détresse originaire sont la même chose. C’est la
première étape qu’on ne peut pas sauter. C’est l’étape à laquelle il est
nécessaire de revenir à chaque difficulté que l’on rencontre. La dépression
miracule. Ce n’est pas le médecin, le psychanalyste, le prêtre,
l’antidépresseur, la drogue, qui guérissent de la dépression, c’est la
dépression.
L’autre thèse de ce livre est plus archaïque. Elle apparaît au tout
début de notre histoire. Sur les parois des grottes s’opposent déjà les animaux
grégaires et les bêtes solitaires. Tous les Anciens pensaient que la vie
sociale était mauvaise. Ils estimaient qu’il n’y a pas un système politique
meilleur que les autres. Tout système politique est atroce. Tout État suppose
une hiérarchie, clive et oppose des dominants et des dominés, instruit une
lutte à mort inguérissable. Mon oncle, Jean Bruneau, l’homme qui m’a appris à
lire, celui qui m’a appris à manger quand je ne voulais plus manger, revenait
du camp de Dachau et était astreint par le sort à réapprendre tout lui-même.
Son exemple encourageait mes jours. Au delà de la mort il continue à exercer un
ascendant absolu sur moi. C’est lui qui m’a projeté dans l’étude sans fin. Il
m’a toujours dit : Méfiance ! Méfie-toi de tout ce qui fait groupe. La majorité
est mauvaise. La solitude est référente. Chacun de nous commence seul dans le
monde où il a été conçu et où il se déploie à jamais seul en silence."