Titre Original: Incroyable Horace
Date de Parution : 9 avril 2015
ISBN: 978-2841867820
Nombre de pages : 304
Prix : 17,00€
Quatrième de couverture : Horace
Bertholet a tout pour être heureux : marié depuis 18 ans avec la présentatrice
vedette du 20 heures de TV1, il habite un très bel appartement à Paris, possède
une résidence secondaire au Cap Ferret et passe ses vacances à l'Ile Maurice ou
à Courchevel... Mais il étouffe! Ce professeur d'histoire-géo est fatigué de
vivre dans l'ombre de cette working girl de l'info, ambitieuse et conquérante.
Il ne reconnaît plus la femme qu il a aimée, la jeune journaliste qui s est
laissée corrompre par le pouvoir et la notoriété. Il ne se sent plus à sa place
dans ces soirées où le gratin politico-médiatique s adonne aux délices de
l'entre-soi. Horace bouillonne. Son naturel calme et mesuré se disloque à
grande vitesse et son comportement devient de plus en plus imprévisible. Au
point de commettre, sur la route des vacances, un acte qui va bouleverser le
cours de son existence. Pour Horace, rien ne sera plus jamais comme avant.
Un roman, plein d humour et de tendresse, dont le
héros désabusé et touchant renvoie aux questions que chacun se pose sur le sens
de sa vie et les désirs profonds qui nous animent.
Extrait
Première alerte
Mercredi 4 mai
«Dans cinquante mètres, tournez à droite.»
La voix de Juliette était calme, posée, aussi douce
qu'à l'habitude. Elle ne trahissait rien d'autre que sa volonté de bien faire.
Elle était rassurante, Juliette, jamais elle ne s'emportait, jamais elle
n'invectivait. Sûre d'elle-même et des informations qu'elle délivrait, pas du
genre à douter. Il faudrait que les hommes suivent son exemple, songea Horace,
qu'ils apprennent à maîtriser leurs nerfs et qu'en aucune circonstance ils ne
haussent le ton. Bien des problèmes nous seraient épargnés si nous autres,
pauvres humains trop souvent victimes de nos émotions, nous ne perdions jamais
notre self-control. C'en serait fini des escalades verbales et des situations
qui dégénèrent, des emportements et des guerres qui éclatent. L'harmonie
régnerait à la surface du globe, le chaos serait K.O.
Horace Bertholet se demanda pourquoi le vagabondage de
ses pensées le conduisait parfois vers des réflexions aussi saugrenues. Elles
empruntaient alors un chemin qu'elles seules maîtrisaient, sans être
géolocalisées ni assistées par quelque appareil que ce soit, et prenaient des
directions inconnues. Obéissant à l'injonction de Juliette, il tourna à droite,
même s'il savait que la voix numérique ne lui en aurait pas tenu rigueur s'il
avait décidé de prendre à gauche. Il n'aurait eu ni reproches ni questions,
juste de nouvelles indications pour revenir dans le droit chemin. Un GPS, c'est
comme un chien, il ne vous juge pas. Bizarrement, Horace se fit cette
comparaison alors qu'il n'avait pas de chien. Cécile n'en avait jamais voulu -
trop salissant. Pas de chien, pas plus que de chat, de hamster, de tortue, de
furet, de macaque ou de léopard de Perse. Elle avait toujours accordé une
grande importance à la propreté des trois appartements dans lesquels la famille
avait vécu successivement jusqu'à ce jour. D'abord en y veillant par elle-même,
puis en déléguant cette responsabilité à une employée de maison dès le deuxième
appartement, plus grand que le précédent mais plus petit que le suivant.
A vrai dire, la maniaquerie de son épouse ne posait
pas de problème à Horace car il avait fini par s'en accommoder et même par s'en
satisfaire. Il appréciait de rentrer, le soir, dans leur vaste appartement de
la rue Scribe en retrouvant chaque chose à sa place et, dans l'air, les
senteurs résiduelles des produits d'entretien bio dont se servait Sara, la femme
de ménage, également cuisinière, sortie gagnante d'une sélection impitoyable.
Cécile, elle, aimait à se dire qu'il s'en faudrait de peu pour que leur
intérieur ne puisse figurer tel quel dans un catalogue Roche Bobois.
Évidemment, avec deux enfants à la maison et en attendant que les règles soient
assimilées par tous, maintenir à niveau ses ambitions domestiques avait été un
combat de tous les jours. Horace n'avait rien fait pour empêcher sa femme de le
mener. Mais alors pourquoi, en cet instant précis, à 46 ans et après dix-huit
ans de mariage, assis au volant de la Polo que Cécile lui avait offerte,
avait-il envie d'un chien ?