Trois enfants du siècle, Cyril Massarotto


Titre Original: Trois enfants du siècle
Date de Parution : 4 septembre  2014
Éditeur : Xo édtions
Nombre de pages : 192
Prix : 16,90


Quatrième de couverture : Trois enfants du siècle pris au piège de leurs antagonismes et de leurs désirs.

France a vingt ans, elle est belle et vit dans le XVIe. Sur les Champs-Élysées, elle fait la connaissance de Salim, une "racaille". Elle l'invite à une soirée où elle doit retrouver Matthias, fervent adhérent d'un groupuscule d'extrême droite.

La rencontre entre les deux jeunes hommes est explosive. Surtout lorsqu'ils se rendent compte que pour France, il n'est pas question de faire un choix : elle veut coucher avec eux deux, ensemble, sinon rien. Un périlleux ménage à trois commence.

Salim et Matthias parviendront-ils à passer outre leurs convictions, leurs idées reçues, leur méfiance ? Et France, que veut-elle exactement ?

Extrait
Salim

Samedi, dix-huit heures à peu près.
Salim est sur les Champs.
Il est avec la clique habituelle, les gars du quartier : Mohamed, Bachir, Driss, Karim, Moussa, Ouss. Malik n'est pas là, aujourd'hui, garde à vue. Ils viennent ici pratiquement tous les samedis, RER sans billet, métro sans ticket ; un peu de fric dans la poche pourtant, mais rien à voir. Quand on est Salim ou un gars du quartier, on paie pas son ticket - de toute façon, les contrôleurs te contrôlent jamais, ils font semblant de pas te voir et ils changent de rame dès qu'ils peuvent.
Bientôt deux heures qu'ils sont là, face au H&M, ils aiment bien cet endroit parce que le H&M, c'est pas cher mais les bourges y vont quand même, alors ils voient passer de tout, de la crevarde, de la touriste, et de la richarde. Ils s'installent devant, et ils passent le temps à mater et à brancher de la petite salope, surtout de la pute gauloise qui vient acheter un slim à trente euros avec, accroché à son bras, un Vuitton à mille. À la cité, les cousines elles ont des LV, aussi, mais c'est des faux, ramenés du bled. Ici, les bourges ont du vrai. Limite ça les encanaille, d'acheter du H&M à trente euros, peut-être qu'elles le mettent qu'une fois et qu'elles le jettent après.
Salim finit d'avaler son dernier pilon de poulet. Des fois il en a marre du poulet frit du KFC, tout le temps à manger que ça, pourtant y a un McDo juste à côté, et un Quick aussi, ils y allaient tout le temps avant mais depuis que l'imam a dit que la viande du Quick n'était pas vraiment halal, ils y vont plus. Dommage, Salim adore le Quick, surtout le giant, avec la bonne sauce, là. Le plus chiant, c'est qu'y a pas de KFC sur les Champs, faut s'arrêter à celui de Sébastopol ou alors place de Clichy et ça, vraiment, ça casse les couilles.
Driss est bouillant, aujourd'hui, il est en mode vénère de choper :
- Eh ! mademoiselle, avec tes lunettes Chanel, de la bombe, tu ressembles à Katsuni, mais en blanche. Tu veux goûter au chocolat noir ? Mate un peu les tablettes. Il soulève son T-shirt. Viens croquer, miss Chanel ! Eh réponds, sois polie, j'ai été malpoli avec toi ? Allez, sale pute, va ! Sur le Coran, va mourir.
La fille et ses copines se dépêchent de partir, elles courent presque, perchées sur leurs talons trop hauts, on dirait des petites dindes qui ont peur du grand méchant renard.
Connasses.