Auteur: Louis Maufrais
Titre Original: J’étais médecin dans les tranchées
Date de Parution : 21 octobre 2010
Éditeur : Pocket
Nombre de pages : 374
Prix : 7,20€ 6,84€
Quatrième de couverture : Août 1914. Louis Maufrais, étudiant en médecine,
pense présenter l'internat quand la guerre éclate. Il rejoint alors le front et
découvre les tranchées. Il va y rester quatre ans. Quatre ans pendant lesquels
il côtoie la mort les pieds dans la boue et les mains dans le sang, jour et
nuit enterré au fond de postes de secours secoués par le souffle des obus.
Quand il a un moment de repos, il prend des notes, photographie, pour raconter
la souffrance, celle de ses camarades, la sienne, mais aussi l'amitié, le
burlesque, l'absurde.
De l'Argonne au Chemin des Dames en passant par Verdun et la Somme, la
Grande Guerre racontée au jour le jour et illustrée - fait rarissime - de photos
prises par l'auteur du texte.
Extrait
Extrait de la préface de Marc Ferro
Voici un texte hallucinant.
Il est l'oeuvre d'un médecin, qui, de 1914 à 1918, a fait toute la
Grande Guerre dans les tranchées. À ce jour inédit, il est publié pour la
première fois en ce quatre-vingt-dixième anniversaire de l'Armistice.
On n'y trouvera ni idéologie ni jugements ni analyse. Dans l'horreur des
postes de secours englués de boue, de sang, et soumis jour et nuit à des pluies
d'obus, Louis Maufrais vit sa guerre à lui, pas celle des dirigeants, pas celle
des historiens.
Cette guerre avait pourtant commencé pour lui comme du Courteline.
Étudiant en médecine, il était en congé dans sa famille, à Dol-de-Bretagne,
quand il avait reçu sa feuille de route. Envoyé en Normandie en attendant son
affectation, il n'avait pas grand-chose à faire. Il s'ennuie, il observe le
nettoyage des tinettes, aide à trier les caleçons, fait passer la visite à des
recrues très pittoresques pas si enthousiastes que ça d'aller verser leur sang
pour la mère patrie. Ensuite, les classes commencent, cette école du soldat,
avec ses marques extérieures de respect, le pas cadencé, la façon de s'aligner
et de pivoter.
Puis vient le maniement du fusil, un fusil Gras, datant de la guerre de
1870, qu'on fait manoeuvrer avec des cartouches en bois.
«On nous faisait grimper des falaises, le long de la Vire, en silence,
tous feux éteints, cigarettes interdites. Pour un peu, on se serait crus à la
guerre !» Le samedi après-midi est consacré à l'hygiène, sauf pour «les
universitaires, les juristes, les magistrats et les détenteurs d'une patente».
Ce dont Maufrais déduit que «l'intelligentsia était présumée avoir les pieds
propres !».
Le voici planton sur le quai d'une petite gare, de neuf heures à midi,
baïonnette au canon, devant la porte de la consigne. Une fois relevé, il
demande à un employé la raison de sa veille :
«- Ah, me répondit-il, au début de la guerre, on avait mis là un baril
d'eau-de-vie pour les blessés. Nous n'avons pas eu de blessés, mais le niveau
du baril n'arrêtait pas de baisser. C'est pour cela qu'on a demandé un planton
pour garder la porte.
- Et maintenant, ça va ?
- Oh maintenant, il y a longtemps que le baril est vide !»