Les tribulations d’un lapin en Laponie, Tuomas Kyrö

Auteur: Tuomas Kyrö
Titre Original: Les tribulations d’un lapin en Laponie
Date de Parution : 30 mai 2013
Éditeur : Folio
Nombre de pages : 368
Prix : 7,50€ 7,12€

Quatrième de couverture : Des chaussures de foot à crampons. C'est afin de pouvoir en offrir à son fils Miklos que Vatanescu quitte sa Roumanie natale pour mendier sur les trottoirs de Helsinki, sous l'impitoyable férule d'un trafiquant russe, Iegor Kugar. Mais les affaires tournent vite au vinaigre et Vatanescu est contraint de fuir. Sans papiers, pourchassé par la mafia et par la police, notre Candide contemporain entame un long périple qui va le mener jusqu'en Laponie, en compagnie d'un lapin dont il a sauvé la vie dans un jardin public.
Leur épopée sera jalonnée de rencontres et de personnages hauts en couleur. Les péripéties du héros et de son lapin, plus burlesques les unes que les autres, laisseront à Vatanescu le loisir d'étudier les us, coutumes et travers des Finlandais en particulier et des pays développés en général.

Les tribulations d'un lapin en Laponie, roman en forme d'hommage au cultissime Lièvre de Vatanen, impose Tuomas Kyro comme le fils spirituel du grand Arto Paasilinna, dont il partage l'humour, le sens de l'épopée bucolique et l'art de croquer avec tendresse les loufoqueries de ses contemporains.

Extrait
Il y aurait bien sûr eu d'autres possibilités, notre héros aurait pu voler des voitures, récupérer le cuivre des câbles téléphoniques ou vendre un de ses reins. Mais de toutes les mauvaises solutions, celle que lui offrait Iegor Kugar était la meilleure. Elle lui assurait un contrat de travail d'un an, le transport jusqu'au théâtre des opérations et un emploi pour sa soeur, avec en prime de nouvelles dents et des implants mammaires.
Vatanescu laissa un mot à son ex-femme, promettant de lui envoyer l'argent de sa pension alimentaire dès qu'il aurait constitué un petit pécule. Après leur divorce, ses relations avec la mère de son fils Miklos s'étaient quelque peu envenimées. Au point que le pus giclait, malgré leur bonne volonté réciproque. Mais quand l'amour s'éclipse, le vide est vite comblé par la jalousie, la rancoeur, la vengeance, les jérémiades et l'entêtement.
Vatanescu s'assit sur le bord du lit où dormait sa mère, avec Miklos au creux de son bras. Sans le réveiller, il lui ôta sa chaussette droite et, à l'aide d'une craie de couleur, traça soigneusement sur une feuille de papier le contour de sa plante de pied.
Tu auras tes chaussures de football.
Papa va t'en acheter.

Le Combi VW piqueté de rouille partit vers le nord. La boîte de vitesses protestait dans les montées, les freins jetaient des étincelles dans les descentes, les passagers se cramponnaient à l'arrière. Le véhicule avait le même âge que le football total des Néerlandais et que Vatanescu. Il avait, plus précisément, été fabriqué l'année même où ce dernier avait entrevu une lueur de liberté. L'unique chaîne de télévision de son pays natal passait en effet tous les soirs le même discours dictatorial, mais, un jour, le cérémonial avait été interrompu par une brève image des Monty Python. Que s'était-il passé, d'où sortait le gag jubilatoire du ministère des Marches ridicules ?
Vatanescu tétait le sein de sa mère, Nadia, qui avait les yeux rivés sur l'écran, et avec son lait une goutte de monde libre, libre de déraisonner, avait coulé en lui.
Vatanescu prit la main de sa soeur qui dormait à l'arrière du camping-car.
Si je pouvais, je te protégerais.
Je dois d'abord m occuper de moi.
C'est toujours toi qui m'as protégé.